Le banc dans l’ombre terne et brune du monde. Qu’est-ce que je branle ici à tenter d’établir une communication sans avenir avec une voisine en mode “mouais bof”. C’est ça, mouais bof.
Je souris un peu. Mais ça marche pas trop. C’est assez niqué d’essayer de la faire parler. Le monde est brun. Poussiéreux. Crasseux. Merdique. Je sais pas connard. Il a quelque chose de dur, de rocheux dans son aspect, comme si des adjectifs lui appartenaient. Nous marchons maintenant dans ces rues brunes. Cette ambiance lourde, presque familière mais comme déphasée, éclatée, recollé en un patchwork mouvant. Cette ambiance avec peut-être une foule d’ombres, invisibles. Et rien à faire, son visage ne s’allume pas. Terne.
Putain.
Tout s’en va, tout va bien. La forêt qui finit par arriver sous nos pieds, je suis rester seul, je ne crois pas mais tout est illusoire. Et Vincent est là. Il est bûcheron. Vincent n’a rien d’un bûcheron, mais il est bûcheron. Il porte des petites sandalettes. Mocassins. Nu-pieds. C’est flou et c’est bizarre. Je rigole doucement, ça n’a pas de sens.
Nous revoilà marchant. L’instant s’inscrit complètement, la foule et nous, échappant au courant, marchant de concert ( de l’ombre à la lumière ). Je la regarde en essayant de lui parler ( ou de la comprendre ). Un type au visage fermé et au sweat vert terne passe entre nous deux, nous marchons toujours mais c’est comme si elle était attirée en arrière et moi en avant. Je ne peux rien faire contre le courant, nous nous éloignons.
Je me repasse la scène.
Nous nous éloignons.
Sans cesse nous nous éloignons.
La cassette se vide et il ne reste plus que l’indifférence, ça n’a pas un goût d’étrange.