Fearon, le mauvais citoyen

dimanche 21 septembre 2008

#15

Le banc dans l’ombre terne et brune du monde. Qu’est-ce que je branle ici à tenter d’établir une communication sans avenir avec une voisine en mode “mouais bof”. C’est ça, mouais bof.
Je souris un peu. Mais ça marche pas trop. C’est assez niqué d’essayer de la faire parler. Le monde est brun. Poussiéreux. Crasseux. Merdique. Je sais pas connard. Il a quelque chose de dur, de rocheux dans son aspect, comme si des adjectifs lui appartenaient. Nous marchons maintenant dans ces rues brunes. Cette ambiance lourde, presque familière mais comme déphasée, éclatée, recollé en un patchwork mouvant. Cette ambiance avec peut-être une foule d’ombres, invisibles. Et rien à faire, son visage ne s’allume pas. Terne.
Putain.
Tout s’en va, tout va bien. La forêt qui finit par arriver sous nos pieds, je suis rester seul, je ne crois pas mais tout est illusoire. Et Vincent est là. Il est bûcheron. Vincent n’a rien d’un bûcheron, mais il est bûcheron. Il porte des petites sandalettes. Mocassins. Nu-pieds. C’est flou et c’est bizarre. Je rigole doucement, ça n’a pas de sens.
Nous revoilà marchant. L’instant s’inscrit complètement, la foule et nous, échappant au courant, marchant de concert ( de l’ombre à la lumière ). Je la regarde en essayant de lui parler ( ou de la comprendre ). Un type au visage fermé et au sweat vert terne passe entre nous deux, nous marchons toujours mais c’est comme si elle était attirée en arrière et moi en avant. Je ne peux rien faire contre le courant, nous nous éloignons.
Je me repasse la scène.
Nous nous éloignons.
Sans cesse nous nous éloignons.
La cassette se vide et il ne reste plus que l’indifférence, ça n’a pas un goût d’étrange.

mercredi 17 septembre 2008

#12

J’ai fait un vieux rêve de psychopathe hier.
De psychopathe n’est pas tout à fait le terme.
De psychotrope désincarné conviendrait mieux. Mais ça ne veut rien dire alors je le dis quand même. Quand même, c’était un rêve de fou, de quoi parlait-il déjà. Déjà un rêve ça ne parle pas, le jour où tu en vois un jacter tu m’en causes j’essaierais d’en trouver la cause. Toutes les conséquences de ces jours funestes se lisent sur les courbes alanguies dans les langueurs océanes. La mer et ses ressacs, tu connais. La science est la gorge déployée qui s’en va toute seule dans les violets délabrés du soir, cesar, et voilà qu’il n’y a plus ça pour pleurer. Il n’y a plus à pleurer parce que tout crève. Et tout renaît dans un spectre jouissif. Tout est yeah baby partout. Le monde entier se sent submerger par un désir irrésistible de copuler avec l’espace d’un instant. Le temps coure contre la montre Festina qui doit être réparer, malheureusement l’horloger est mort. Il était suisse. La femme que je ne connais pas et qui mange des petites suisses derrière la fenêtre de sa salle à manger me fait penser que j’ai oublier d’acheter des haricots. Un post-it c’est jaune. J’ose espérer que tu n’as pas oublié cela. Cela n’a pas d’importance. Enserre-le de tes bras et laisse-le croire qu’il te cajole. La cage se ferme et un type se sent prisonnier des autres. Autrement dit la courbure du temps n’a rien à voir avec la courbure de ses seins. Par tous les saints où ai-je mis les clés qui me servaient à ouvrir la boîte de pandore cette petite conne que j’aimais bien tu sais. Mais non tu ne sais pas. Et moi non plus je ne crois pas que tu sois ce que tu dis. Ce que tu dis c’est ce que tu veux bien me laisser croire mais comme je crois que ce que tu dis n’est pas tout à fait vrai je ne le crois pas et alors je ne me rends pas très bien compte de comment tu me manipules. Ce petit pull turquoise est un peu neuf. Neuf mètres c’est la taille qu’il ne faut pas dépasser. Je suis dépassé. Je suis déphasé.
Quel était ce rêve déjà ?

lundi 15 septembre 2008

#10

Il est quoi ? 10 h et quelques. En gros. Le jus d’orange brillant à travers le soleil qui se laisse aller à transpercer le ciel bleu exhibant sa trogne à la fenêtre. Tranquille. Flash-Back. Plan Séquence. Cusine, évier blanc, placard, verre, frigo, jus d’orange, glou glou, verre plein. Orange. On traverse la salle à manger, le couloir, les pieds sont nus et caressent le sol froid. Elle arrive au salon et s’assoit face à l’écran. Nonchalance et première gorgée. C’est agréable. L’ordinateur ronronne. Ce n’est agréable.
Démarrer, Programmes, Winamp, Winamp.
Play.
La musique s’étend sympathique au dessus des grésillements. Les doigts esquissent la molette de l’enceinte. Plus fort. Elle lit quelques trucs, flânant ici ou là sur les artères du réseau entoilé. Elle écrit quelques lignes. Il est 10 heures 33. Et 33 milliards de non dits se sentent bien dans leurs basques.
La journée a commencé, mais elle s’est ensuite dit qu’il faudrait faire une pause, alors le temps passe sans trop savoir pourquoi, on ne fait pas grand chose, on ira faire un tour par ci par là. Petit sourire.
A Naples, tu disais, il y’a peu d’endroits pour s’asseoir.

Derrière la nuque, le rêve se brise.